Toulousie et les environs

Après ce tourbillonnant séjour en Quercy, cap sur Toulouse! Derrière nous la colline verte qui fait reposer les châteaux d’Eric et devant nous les vallons creusés par le Tarn ou la Garonne. Alors, on prend les brides de notre monture de fer et de gasoil, et on le traine à travers la campagne et ces villes bien typiques du sud-ouest :

Alors, on a vu la Penne d’Agenais, avec les ruines du château de Richard Coeur de lion et un lieu de culte majeur dédié a la Vierge.

 

Plus tard, on fera halte à Villeneuve-sur-Lot, charmante sous-préfecture du Lot. Le ciel y est couvert d’une constellation de ballons dirigeables. Pour cause, une compétition de montgolfières se déroule à quelques kilomètres.

 

On passera par la ville non-natale de Pierre, Agen. Occasion de voir une copie de Gaudi, de vieilles pierres et une porte de garage qui nous a tape dans l’œil.

 

En traçant la route a l’ouest, en direction de la méditerranée et surtout de Toulouse, on trouve une cité plantée près sur la jonction du Tarn et de la Garonne. Le massif central y rencontre aussi les Pyrénées. Leurs eaux mélangent les éléments granitiques et calcaires. Pays plat fait pour la circulation fluviale, c’est normal d’y trouver des canaux. Le plus fou d’entre eux enjambe le Tarn!

 

Moissac, outre son muscat, est connu pour son abbaye. Il semblerait que ce soit la plus ancienne de France, d’après les historiens. Dans la cathédrale, on trouve des sculptures de bois peint, d’un réalisme saisissant. Dans la cour abbatiale, des sculptures uniques parcourent toutes le long de la travée. Il semblerait que ce soit un exemple de l’art moyenâgeux.

Plus au sud, le long de la Garonne, il y a Montauban.

 

Finalement, on arrive en terre promise. Toulouse, ses bières bonnes, ses briques roses et son Florent Paris fait de moustache et de créativité. On découvrira le circuit bending grâce aux doigts habiles de notre ami musicien explorateur. Cette pratique consiste à détourner des objets électroniques sonores en allant directement trifouiller dans leurs circuits imprimés. Pendant notre séjour, Hors Sujet a bricolé des K7, un lecteur de cassettes, un discman.

Après un tour a Emmaüs, on rapportera des jouets pour enfants. Aussitôt démonté, on fait des court-circuits pour trouver ce qui commande la vitesse. Ça fait accélérer les voies, donne des effets bizarroïdes et caverneux et on rigole.

 

On a aussi vu des statues inertes et vivantes, de l’architecture urbaine qui peut avoir une certaine esthétique, une poutre réparée a la brique!!, la plaque la plus WTF jamais vue, des gens très polis :

des canaux, des collines, des arbres…

Le Quercy

Entre les virées en 2cv et le montage d’une maison en bois, nous profitons de nos après-midi. C’est le bon plan du wwoofing chez Eric : on bosse le matin et l’après-midi c’est quartier libre. Alors on visite cette belle région faite de gras de canard et de vin puissant.

 

Tout d’abord, le festival du Père Quepas à Montaigu en Quercy, pris en main par le collectif des AJT du Q. Coïncidence superbe, la semaine de notre présence un petit festoche est organisé. Sorte du bal du village surboosté croisé avec des délires d’artisans sculpteurs. Pendant une semaine, des tailleurs de pierre, charpentiers, ferronniers d’art,… se rejoignent toute la journée et travaillent sur un oeuvre pharaonique. Le but est de présenter la création le dernier soir, clou du spectacle de la semaine festive. C’est un marathon d’artisan, un artisanathon?

Entre les journées de travail, il y a des soirées de fête qui s’intercalent. L’ambiance est top : fauteuils dehors, toiles de navires au ciel et pluie fournie qui n’empêche pas les transis de danser. De très bons groupes, DJ Kosmo Pilot qui assure tous les afters, des repas végé délicieux servis par des mecs en blouses à fleurs.

 

Fidèles adorateurs du totem carnavalesque, grandissant chaque jour, nous avons été présents trois soirs sur 7. Et voici que vient le dernier soir, le plus important. Le soir où il y a le plus de monde aussi, c’est samedi soir. Les créateurs ont du retard, encore en train de fignoler et de souder à 23 heures alors que la présentation est prévue à 21h. La tension monte, de plus en plus de monde s’agglutine autour des rubalises. On se bouscule un peu pour assister au montage et comprendre ce qui se trame. La sculpture doit mesurer 3 ou 4 mètres de haut. C’est une figure de bascule. D’une part, l’oiseau (articulé, siouplait) et de l’autre, le nid et son oeuf en pierre massive. On nous souffle que le tout pèse 8 tonnes. Puis, attention, silence et spectacle. Un manitou avance et tend son bras télescopique pour monter le nid de géant. Toute la partie délicate réside dans la mise en équilibre des deux parties. Des tiges d’acier retiennent l’ensemble. On nous fait reculer, dans la lumière des spots, la foule retient sa respiration… La balance se met en tension, la structure craque, les mâchoires se serrent et soudain l’une des tiges d’acier cède avec un claquement puissant. Déception ambiante. On se regarde, on ne sait pas trop… Puis la musique reprend. Tant pis, ils feront mieux l’année prochaine.

 

Les concerts commencent et la fête continue! On en gardera tout de même un bon souvenir.

Autre joyeux souvenir: Tournon-en-Agenais, bastide de la région d’Agen. On y goûtera le calme et un thé à l’amande. Laure écrit, Pierre dessine les ruelles et ils sont contents de leur travail.

 

Le bruit de mobylettes nous sort de cette concentration et jure avec le décor. A y voir de plus près, c’est une bande d’aficionados de la mobylette (oui ça existe), avec des brelles toutes belles… On repasse à Tournon quelques jours plus tard pour la (célèbre?) foire aux tourtons, sorte de tarte tatin agrémentée de jolis bigoudis faits de pâte feuilletée caramélisés au sèche-cheveux. C’est plus cher que ça n’est bon.

 

Depuis quelques temps, nous sommes redevenus des lecteurs assidus. Et ce qui tombe drôlement bien, c’est la présence, dans chaque ville, chaque bourgade, de ces petites cabanettes à livres. Alors on y trouve un peu de tout, et sans doute plutôt moins que tout, dans la mesure où, servant de débarras, ces petites boîtes se font souvent le réceptacle des lectures devenues inutiles, encombrantes, voire honteuses. Au hasard : des manuels de première années de fac de droit, des classiques incontournables des années collège, un bonne proportion de collection Arlequin, enfin de petites horreurs comme le manuel du paradis fiscal, le Cercle des gagnants (vous expliquant comment le rester puisque manifestement vous l’êtes déjà), ou bien la parfaite marche à suivre pour manipuler les hommes. On se régale. Et parfois même on trouve véritablement de quoi se mettre sous la dent, moyennant un échange glané sur la boîte à livres précédente.

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Et puis dans le Quercy on y aura grimpé (forcément), vu Fumel, ville vraiment pas top, bu beaucoup de vin de cahors, assisté à un marché gourmand et musical, et mangé un duck burger. On se souviendra des séances de cinéma du mercredi chez Eric (avec le groupe électrogène en guise de fond sonore), du vent d’Autan, de Montaigu en Quercy, des prunes et des mûres.

 

Thanks a Lot (et Garonne)

Après avoir quitté Garza Loca, on a roulé vers l’ouest, direction Cahors. On a profité de cette transition pour grimper un peu, faire des balades et visiter les marchés locaux. Joli site de bloc de Cregols, Pierre boucle le parcours bleu (niveau moyen) pour se remettre en jambe. Ça ne monte jamais très haut (3 mètres maximum) mais le danger vient du sol. On a croisé un beau serpent bicolore!

 

Alors voilà quelques photos en vrac. Le Lot, à quelques encablures de Saint-Cirq-Lapopie. On a dormi a côté d’une écluse. L’occasion de discuter avec des vacanciers en péniche, nostalgiques de leur ancien T3.

 

Cahors : on y a rencontré une libraire  qui nous a tenu un discours passionné sur les premières éditions des livre de poche. Discours efficace, d’ailleurs, puisqu’on l’a dévalisée – beaucoup de Giono. On a aussi servi d’attraction à un petit train de touristes, avec un guide non moins disert.

 

Et puis quelques photos bucoliques en vrac.

 

Bisous à tous 🙂

Aveyron (et les enveyrons)

Et pendant qu’on vivait et travaillait avec nos amis de Garza Loca, on en a profité pour visiter la région aveyronnaise. Et voila en photos ce qu’on a vécu :

Le mugnificent village médiéval de St Antonin Noble Val avec spot de grimpe et festoche integré.

 

On a fait l’ascension du rocher du Grob à Bor et Bar (et grillé des saucisses au bord de la rivière).

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On a regardé des films au festival « Sous les étoiles » de Najac (le village de Ici Najac à vous la Terre). Et on a dansé avec un vers collant en écoutant la Yegros au festoche Samba del pais avec le DJ triporteur et le bar Viking.

 

On a visité la belle ville de Villefranche de Rouergue, son marché, ses monuments religieux (et son retable construit en 15 ans) et les Hauts Parleurs.

Enfin, on aura vécu une soirée rockabilly au bar de Sanvensa starring Eddy Ray Cooper. Picon pas cher. Festival de personnages, tous plus dingues les uns que les autres : une fleuriste hollandaise et aide-barmaid, un couple d’anciens soixantuitards passionnés de géologie, une mamie qui danse mieux que tout le monde, un jeune loup overactif en chemise hawaïenne et bourré de tatouages, une actrice autoentrepreneuse spécialiste d’humour et de musique.

En repassant devant le même bistrot le lendemain, la gérante passe une tête par la porte et nous invite à boire un café salvateur!

Et des portes.

Provence et Occitanie – on the road again

Après la Corse ensoleillée, notre parcours agricole est mis en pause pour quelques semaines. Le temps pour nous de faire un joli voyage dans le quart sud-est.

Marseille. On retrouve les copains. C’est aussi l’occasion de visiter les fameux quartiers : Cours Ju(lien pour les non-intimes), Noailles, le vieux port, le Panier. Lumière unique de la cité phocéenne, cortège de personnages et criée sur les marchés.

Souvent sur les façades, on croise des galeries ! C’est la rue qui est à l’art.

Puis la Provence. Cigales assourdissantes et piscine de fraîcheur. Passage à la case famille pour Laure et gavage d’escalade et de VTT pour Pierre autour du mont Ventoux et des dentelles de Montmirail.

Après quelques accolades d’amis, des pastis trinqués et des molkys lancés, nous repartons vers l’ouest. Collias, le gardon, via ferrata, les marchés provençaux, les pêches et les abricots… la manie des taureaux.

Dans le sud des Cévennes, nous passons par Sauve, rendre visite à un ami. Partage d’idées, nous abordons l’évolution de notre plan (mystère et boule de gomme).

Enfin, la route nous emmène un peu plus loin vers le centre, et nous commençons a retrouver du vert.

Aveyron, Cantobre, concert de jazz à Millau.

Albi, ville de brique, cathédrale over-dimensionnée.

On nous parle de Roquefort, la ville, et de ses caves. C’est l’occasion d’y faire un tour. Un petit coté Le Roi et l’oiseau. Le village, dans sa quasi totalité, appartient à Société, Lactalis et Papillon, grandes marques de roquefort. Leurs caves refluent du froid dans les rues, désertes. On rigole un peu, mais on ne reste pas longtemps.

Ensuite, on file vers Villefranche de Rouergue, direction la ferme de Garza Loca!

 

Adieu la Corse

Bien que ce blog subisse un décalage temporel dû aux aléas de notre rythme buissonnier et de nos accès randomatoires à l’Internet, dans cette réalité, nous disons au revoir à la Corse.

C’est le moment de vider notre carton à souvenirs numériques. On y trouvera en vrac des criques isolées propices aux baignades naturelles, des arbres dragons, un sapin façon Asie contemplant les aiguilles de Bavella, et Mario u vanu sous divers angles.

 

 

Mais aussi, un cairn super classe qui apprécie la vue, une Mussi non moins classe et tout aussi contemplative, la vue en question et des rochers proches de Portu, aux formes incroyables

 

 

Une nuancier fait de grès, une publicité pour une marque de grimpe quelconque, un arbre méduse, de l’eau de roche claire comme elle-même, et des pieds bénissant cette dernière.

 

 

Une vue tarabiscotée et ubique sur un soleil levant et une cabine de pilotage, les aiguilles ciselantes de Bavella, les ruelles de Cargese qu’on jurerait cubaines mais qui sont corses , mais qui sont grecques (en vrai), une petite humaine contemplant un lion de roc.

 

Frankichou 3 : une journée typique

Après quelques articles dans lesquels nous avons partagé nos sensations, nous avons voulu décrire ce qu’est une journée « classique » au cœur de la communauté Francischu.

Aux aurores : traite des brebis. Un peu tard levés, nous n’y avons assisté qu’une seule fois. La plupart du temps ce sont Jul (prononcer Ioule) ou Romain qui s’en chargent. Les brebis se bousculent pour se faire traire, parce que c’est aussi l’occasion pour elles de grignoter une poignée de maïs !


Peu après : avec le lait frais, Reinard confectionne une tomme, du fromage ou du yaourt (suivant son envie, la chaleur ou les diverses réclamations). Nous le retrouvons souvent devant la cuisinière, absorbé par le journal des infos allemandes, capté sur une petite radio à piles. Ensuite avait lieu la préparation de la nourriture pour les chats (avec les déchets de viande ou de poisson que nous ne manquions pas de demander au spar du coin – babylone, pour les frankichois). Petit à petit, chacun se réveille pour le petit-déjeuner. Classique café, tartines de confitures et de fromage frais. 

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Avant qu’il ne fasse trop chaud, nous vaquons à diverses activités. Débroussaillage de maquis et taille d’olivier : il faut élaguer au maximum pour contenir un éventuel incendie. Ce qu’on a coupé, on le donne aux brebis (salsepareille, olivier), le reste est empilé pour le feu du soir. Sinon nous faisons quelques réparations (en l’occurrence celles des vélos et du portail). Jardinage et bûcheronnage sont aussi au programme. Pendant ce temps, certains s’occupent de préparer le repas, ce qui prend facilement quelques heures : aller chercher du bois pour la cuisinière, se promener dans le jardin pour faire son marché, repérer ce qui est mûr, ce qui est encore bon, récolter diverses herbes aromatiques… La cuisinière fonctionne au bois, il faut anticiper toutes les étapes de la cuisson ! Ajouter de petits fagots pour mettre le feu vif ou fermer la porte du foyer pour baisser la température. 

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Midi : ceux qui ont préparé le repas crient un HOU de ralliement, auquel repondent – HOU – ceux qui ont entendu. On mange tous ensemble. Souvent des pommes de terre, des choux, des haricots et des sauces à base de fromage de brebis.

Après-midi : on fait la sieste le plus souvent. Lecture pour ceux qui ne veulent pas dormir, parties d’échecs ou bien guitare et activités artisanales. On a quelques fois préféré fuir vers la plage et s’étaler sur le sable, plonger ou pêcher des mulets. Vers 16h ou 17h, on reprend tranquillement les activités. Certains vont planter le sorgho dans le champ de l’enfer (pas d’arbre, un soleil qui tombe droit sur le crâne) : c’est une céréale idéale pour le fourrage des brebis. D’autres désherbent les plantes aromatiques ou ramassent des patates. Il y en a même qui construisent des buttes permanentes en rotin d’olivier, ce qui permettra de faire pousser des carottes dans une terre suffisamment sableuse.

Le soir : nous arrosons systématiquement tout le jardin avec plusieurs tuyaux et réservoirs. Ce qui prend environ une heure. On en profite aussi pour laver les humains, au tuyau-douche au milieu des tomates et des figuiers. Il faut rentrer les brebis dans l’étable, les poules dans le poulailler et les canards dans la mare. Une fois que tout le monde est bien rangé, qui sur son duvet, qui sur foin, on se réunit à nouveau à la grande table pour le repas du soir. Celui-là reste froid (on s’économise de la cuisine, de la vaisselle et du bois) avec des tartines de confiture, de fromage ou de pâté d’agneau. Ensuite on organise un vaste plan d’évasion pour contrer le filet de moustiques qui nous est tombé dessus : direction Le coin du feu. Et nous organisons des flambées spectaculaires avec les amas de ronces arrachées plus tôt du maquis. Ce sont des feux contenus, bien sûr, éloignés de toute végétation. Passé 22h et le dernier avion de l’aéroport, voisin, la plupart des frankichois sont couchés.

 

Il y avait aussi des journées spéciales. Une fois par semaine, tout d’abord, celle de la confection du pain. Une autre fois, nous avons fêté les 2 ans de Lilas : sortie sur une colinette superbe, constituée d’un dédale de pierres rondes et concaves, d’environ 7 mètres de haut. Pierre a trouvé de belles lignes dans le rocher, qui en feraient un terrain de jeux idéal pour le bloc (escalade). Le 21 juin, nous avons aussi organisé une mini-fête de la musique (à l’occasion de laquelle nous avons monté une petite scène de concert et invité quelques habitants de la communauté voisine). Nous avons joué et dansé un bonne partie de la nuit.

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Nous sommes désormais loin de Francischu. Pour donner une impression générale de notre rencontre, nous tenons a dire que c’est l’une de nos meilleures expériences de woofing. Cela tient surtout aux frankichois, avec lesquels nous nous sommes très bien entendus, mais aussi à la beauté mystico-soleillée des lieux. Aux chansons, sans doute aussi. Nous avons hâte d’y retourner – accompagnés de toi, vous, nous – volontiers!

Les clichés corses

« T’es déjà allé en Corse? »
« Non »
« Tu vas aimer, tu vas voir. Y a la mer et la montagne. Faut absolument que t’ailles à [insert random touristic place]« 
Voilà en teneur la conversation la plus courante que nous avions avant de partir sur l’île de beauté (sic). La Corse et les corses, ça fait rêver et ça allume tout de suite une case bien précise de notre cerveau au rayon préjugés régionaux. Après avoir passé un mois en Corse, voilà ce que nous pensons de ces clichés, lesquels sont vrais, lesquels sont seulement dans « Astérix en Corse » et ceux que nous avons découverts.
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Les clichés certifiés authentiques :
  • Y a la mer et la montagne. On a vérifié in situ
  • C’est trop beau
  • Les sangliers (et les sanglichons – sorte de cochons sauvages)
  • Les insulaires ne sont pas accueillants accueillantes – dans les zones touristiques
  • L’accent façon Le Parrain
  • Les panneaux repeints par un 38 mm (impacts de balles)
  • Les chants corses
  • La sieste
Ce qui est faux :
  • La bonne charcuterie et le bon fromage. Soit la qualité n’est pas exceptionnelle, soit c’est hors de prix
  • Les locaux ne sont pas accueillants – hors des zones touristiques
  • Le fromage avec les vers dedans (le seul qu’on ait vu c’est celui qu’on a laissé moisir à l’air libre une semaine)
  • Ils sont fachos (ben pas plus qu’ailleurs en France – nous a-t-il semblé)
  • La loi du silence. Ça n’existe pas, ca n’a jamais existé. Je ne sais pas de quoi vous parlez, je faisais la sieste à ce moment là.
Les clichés que nous avons découverts sur l’île:
  • Les (saloperies) de geais. Malins, voleurs et intelligents, ils sont nombreux et s’approchent sans crainte
  • Il n’y a pas de pies en Corse
  • Les vrais ont un 4×4 et une arme à feu sous le siège
  • Les panneaux de ville avec les noms en français biffés (et ceux en corse intacts)
  • La Pietra (bière locale) et la farine de châtaigne sont hors de prix
  • Les frappés et les canistrelli (pâtisseries)

 

Voir, écouter et apprendre – Francischu 2

Voir des hommes nus travailler la terre.

Ecouter leurs pas sur le sol

Apprendre à trouver ça normal

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  • Voir un évier bouché par des fleurs de chêne vert.
  • Voir des traces de sangliers intéressés par les cultures vert éclatant.
  • Voir l’ arrondi des rochers de granit se découvrir, à force de coup de serpette dans le maquis
  • Voir le coucher du soleil sur la mer et le lion de Rocapina
  • Voir de belles lignes de bloc à ouvrir dans le spot du Castello à 5 minutes de marche de la communauté.
  • Voir les légumes les plus mûrs, les arracher pour les cuisiner derechef.
  • Voir le couple de loirs assoupis qui nichent dans le plastique transparent qui fait office de plafond dans les toilettes.
  • Voir une finale de coupe d’Europe dans le bar des nationalistes corses, avec en bruit de fond les engueulades normales du genre « je vais te tuer »
  • Voir avec satisfaction un champ de sorgho tout juste planté après l’avoir bêché des heures sous le cagnard.
  • Voir des daurades, des sarres et des murènes onduler sous l’eau rafraîchissante et silencieuse.

 

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  • Ecouter, incrédule, les geais imiter les milans.
  • Ecouter la guitare et les chants vibrer autour du feu.
  • Ecouter les cigales chanter sous une chaleur de plomb pour s’endormir à l’heure de la sieste.
  • Ecouter l’accent corse de Michel, le fermier voisin, pendant qu’ils nous conduit à tombeau ouvert sur la piste empoussiérée, à l’arrière du pickup.
  • Ecouter le silence plaisant d’un lieu sans électricité et sans moteur
  • Ecouter les chants d’oiseau d’un lieu sans électricité et sans moteur
  • Ecouter le vent faire un bruit feuillu dans les canisses
  • Ecouter le « houuu » puissant chaque midi; cri signifiant que le repas est prêt et que les travaux doivent se mettre en pause
  • Ecouter les brebis manger les branches coupées d’olivier, de salsepareille et de myrte
  • Ecouter le bruit de l’air, quelques dizaines de secondes après le passage d’un avion à basse altitude, qui fait comme une ligne de fouet venteux (le lieu est à 500m de l’aéroport de Figari).
  • Ecouter le feu éblouissant quand on ajoute un tas de branches sèches et croquantes

 

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  • Apprendre ce que sont une houe et une serfouette
  • Apprendre à vivre sans horaire mais seulement avec le soleil
  • Apprendre à bricoler sans l’aide d’énergie non humaine et faire des trous à la chignole
  • Apprendre à vivre en commun tous les jours avec 10 personnes
  • Apprendre à regarder et dessiner
  • Apprendre à se comporter sans argent et en pleine autonomie
  • Apprendre à ne pas vomir quand on vide des toilettes sèches
  • Apprendre à faire de la voile avec un mentor qui a une voix à 20 décibels et un accent allemand
  • Apprendre à vivre comme un homme raisonnable et en harmonie avec son environnement
  • Apprendre, puis se taire

 

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La première personne (ou presque) que nous avons vue, c’est un vieil homme nu sur un vélo. Reinhardt, le fondateur de la communauté.

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La deuxième personne la plus ancienne, c’est Jule (prononcer Youle). Elle ne se déplace dans Francischu qu’accompagnée d’une armée de chats maigres. C’est elle qui trait les brebis. Son fils, Kisaja, est un adolescent de 15 ans. Elise et Romain sont arrivés trois ans plus tôt. En tant que woofeurs. Et ne sont jamais repartis. Ils ont eu une petite fille, Lilas, dont nous allons bientôt fêter les 2 ans, et qui répète souvent : « quoi? » ou « quoi ça? ». Ils vivent tous les trois dans un kerterre milieu de Francischu.

Il y a des cabanes au milieu des arbres, des potagers répartis dans divers endroits du maquis. La cuisine est dehors, on fait la vaisselle sous le soleil, on mange avec les chenilles. Pas d’électricité, pas d’eau chaude (ni fraîche, d’ailleurs).

Pour ce qui est des légumes, la communauté est entièrement autonome – exceptés les oignons parfois. Ils font aussi beaucoup de conserves. Au petit-déjeuner et au dîner, nous mangeons de délicieux fromages de brebis que Reinhardt prépare le matin, après la traite. Il y a tous les niveaux d’affinage et tous les types, que ce soit le yaourt, le fromage frais, le brocciu ou la tomme. 

Le pain, c’est aussi nous qui le faisons. Il y a une journée pain, environ une fois par semaine. La veille, nous moulons le blé, grâce aux moulins manuels – c’est plutôt sportif. Au matin, il faut allumer le four à pain très tôt pour être sûrs qu’il soit suffisamment chaud au moment de la fournée. La pâte est réalisée avec du vrai levain. Comme la farine est très complète, il faut que la pâte soit liquide pour lever. C’est pourquoi nous faisons cuire les pains dans des moules. Et on profite aussi de la chaleur du four pour faire plein de pizzas! 

Le soir, nous allumons de grands feux avec les ronces défrichées dans le maquis. C’est le moment de jouer de la guitare et de chanter. Romain nous a fait découvrir certaines de ses compositions – c’est beau. Deux autres woofers sont avec nous : Mike, qui est là depuis plus d’un mois et Naomi, qui est arrivée presque en même temps que nous. Naomi est une hollandaise philosophe et littéraire, elle chante superbement. Elle a fêté son anniversaire il y a quelques jours et me confiait en riant qu’elle n’aurait jamais imaginé que la première chose qui lui arrive, ce matin-là, soit la bise d’un vieil homme tout nu.  

Et puis, il y a des tortues partout. Elles ont tendance à se servir allègrement dans le jardin, alors nous devons les mettre dehors à chaque fois que nous en trouvons une. Par curiosité, nous dessinons au marqueur des numéros sur leur carapace, pour voir si ce sont les mêmes qui reviennent. Et puis avec le temps, nous leur donnons des petits cœurs et leur inventons des prénoms.

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Et puis comme on se sent particulièrement bien ici, et qu’on en a encore pour 15 jours, on vous en dira bientôt davantage sur la communauté Francischu!