Kumano Kodo – jours 1 et 2

En goguette à l’autre bout de la Terre, une furieuse envie de nature et de solitude m’a pris. Je me suis décidé à partir pour cinq jours de randonnée dans les montagnes japonaises. Armé d’un sac à dos, d’un bâton en bambou et de deux onigiris, voici mon récit.

Le Kumano Kodo est le St Jacques de Compostelle japonais. Situé au sud d’Osaka, dans la péninsule du Kii, c’est un pèlerinage sacré qui mène à trois temples majeurs de la spiritualité japonaise. Ces chemins sont pratiqués depuis plus de mille ans. Il y a plusieurs parcours possibles. Celui que j’ai fait dure cinq jours, partant de Takijiri, pour finir à Nachi en passant surtout par Hongu Taisha, le lieu saint. C’est la route dite de Nakahechi, celle qu’aurait suivi le premier empereur du Japon, guidé par un corbeau à trois pattes.

Takahara, le 29.9 :

Ce matin l’aventure commence dans le dédale de bus et de trains en direction du Kumano Kodo. Le paysage alterne ville, zone industrielle et bord de mer. Petit à petit moins de gris et plus de vert. L’excitation nerveuse aura raison de ma fatigue, pas de sieste dans le train.

A Takijiri, je prends des informations auprès de la guichetière. Il ne semble pas y avoir d’ours. Quand je pose la question du camping sauvage, elle prend l’air contrarié des japonais. Cet air qui signifie « Non, mec, ça se fait pas. Tu devrais le savoir. Mais je vais rester évasif pour ne pas perdre la face. » Après que j’aie insisté un peu, elle ne répond plus que par « I don’t know ». On dirait un bot dans un jeu vidéo, que tu as énervé par les mauvaises actions et qui bloque toujours sur la même phrase. Je fais le touriste et je repars avec un bâton en bambou et une amulette de protection.

Premier temple. C’est beau mais j’ai tout de même un truc dans les tripes qui ne va pas. Le fait d’être tout seul, l’environnement complètement différent, le son  des insectes et oiseaux inconnus, les frelons géants. Bref, je ne suis pas au top.

Arrivé à Takahara, je visite le beau temple avec des camphriers taille Baobab en décor. Je repère un bout de terrain plat pour mettre ma tente. J’en avise deux pèlerins qui arrivent, pour connaître leur avis sur le sujet. Le fameux sourire crispé. Par le truchement du hasard (ou du pouvoir de l’amulette), un type passe en voiture (ha oui précision, on est bien paumé dans les montagnes). La femme du couple lui demande un spot pour ma tente. Et le gars dans la voiture, tout grand et tout pataud façon Goofy, me sourit et me dit « Come in the car ». « You are a lucky boy » me dit la pèlerine. Je pars je ne sais où.

J’arrive dans un hôtel. Le patron est super sympa. Il me montre un endroit plat avec vue superbe à côté de sa cabane. Je l’entendrai plus tard jouer de la guitare. Près de moi, un vieux coupe des bûches à un rythme très calme. Le patron me montre les toilettes (« Japan Hi Technology »), l’eau… et me propose même le onsen. Travaillant dans cet hôtel, qui accueille principalement les touristes-pèlerins, il y a un couple d’italiens wwoofers. J’offre mes services aussi et me voilà embauché comme serveur. Tout le monde est sympa et m’offre à manger. C’est dingue!

Watazane Onsen, le 29.9 :

Levé aux aurores, je plie ma tente sans bruit. J’arpente la forêt avec mon gros sac, pas très rassuré à l’idée de croiser un ours (merci Max). Je ne vois aucun humain pendant trois heures de marche. Assez fou de marcher comme ça tout seul. Le sentier est splendide, les troncs sont droits comme des colonnes. Il y a beaucoup de spiritualité. Plein de pensées viennent dans ma tête et c’est bien. Je croise une biche qui s’enfuit. ça me donne des sueurs froides. Je pense a Giono et sa dualité fascination / terreur face à la nature. Je suis en plein dedans.

Tsugizakura. Temple superbe entouré de cèdres millénaires et majestueux. Pause thé dans un bâtiment traditionnel. « Puis-je camper? » et le fameux sourire « je suis gêné, nanana.. » Finalement, la taulière m’indique un lieu à quatre kilomètres du village dans la forêt. Je suis fatigué comme jamais mais je me dis que je n’ai pas le choix.

Le spot est chouette mais bien isolé et proche d’une maison abandonnée. J’installe mon campement et j’entends une branche craquer pas loin. Bizarre… Je m’approche et je vois un animal de taille moyenne qui se faufile dans les branches. Ourson? Singe? ça grogne et ça grogne sévère. Je prends mes jambes à mon cou et me voilà hors d’atteinte. Le singe (c’en est un, j’en suis sûr) secoue son arbre comme un diable pour m’intimider. Je suis comme un idiot et je vois les sacs de bouffe, qui doivent le mettre dans cet état. Je me dis que si je ne fais rien, il va se carapater avec mon 4h et ma nourriture pour les jours à venir. Précision : je suis sur une section où il n’y a plus de superette avant 1 jour et demi de marche…

J’y retourne et décide courageusement de ne pas rester dans le coin. Après tout, je ne suis qu’un visiteur sur son territoire. Je reprends mon paquetage et rejoins une route pas loin de là. Miracle, il y a un arrêt de bus. Je prends le premier qui vient. Il me fait gagner un jour de marche et me pose près d’un camping. Le bain chaud du onsen ce soir là me fit un bien fou.

 

Japon!

Contextualisons un peu, nous sommes fin septembre 2017. On vient de finir une boucle complète, un tour des alternatives rurales en France. On recharge les batteries près d’un lac Suisse entouré de montagnes. On pourrait dire que nous terminons la partie 1 de Moustaroot.

Sauf que Maxime, un ami de Pierre se marie tout bientôt avec Nozomi, une japonaise … et donc à Osaka ! Impossible de rater ça et prétexte rêvé pour faire péter son bilan carbone, en toute mauvaise conscience. Billet en poche pour le Japon (pays mélange de tradition et de modernité sic!) , je pars seul pour une semaine de randonnée sereine dans la nature et une semaine de festivité décadente dans la ville. Pour conter cette aventure, je prendrai des extraits de mon livre de bord, agrémentés de dessins et photos de circonstance. Changement de style.

 

Quelque part au dessus de Zurich 

L’accélération de la carlingue bringuebalante fait duo avec le son puissant des deux moteurs gigantesques. L’horizon s’incline; l’apesanteur fait un soubresaut. L’avion décolle. La vue sur Genève de nuit est superbe. Les fils de lumière reproduisent la carte que je m’en fais. Les bandes d’ombre laissent imaginer le Rhône, l’Arve ou quelques prés survivants. Ensuite les classiques : films pourris, jus de tomate, sommeil inexistant, nuque douloureuse.

Quelque part entre la Corée et le Japon

Dans l’aérogare de Pékin, l’errance aura duré quelques heures. Le décalage horaire, linguistique et culturel me frappe en pleine poire. Je me perds dans les couloirs, j’attends inutilement au mauvais guichet, derrière 5 russes dans la faiblesse de l’âge. Les moments agréables furent : la sieste dans une capsule prévue à cet effet et manger des ailerons de poulet.

Pendant le vol, la carte indique que nous volons au dessus de la Corée Je regarde en direction de Pyong Yang, sans voir la trace lumineuse d’un missile intercontinental. Je suis presque déçu. Sur la mer de Corée, les bateaux de pêche forment une constellation du zodiaque inversée.

Mes voisins de voyage s’obstinent à me parler japonais. Les deux seules choses que j’ai comprises : 1- ils habitent sur l’île de Shikoku. 2- Ils sont ravis que je fasse le Kumano Kodo (randonnée – pèlerinage d’une semaine) tout seul. Sugoi!!!!

 

 

Osaka

Je suis arrivé à l’autre bout de la Terre. Après quelques galères dans le labyrinthe des contrôles aéroportuaires, je suis sorti de la bête. Le passage scan des empreintes + photos fait un peu flipper. On entre dans le cocon doux de la surveillance de masse. Tout va bien si tu te tiens à carreau mon enfant. Bientôt, je rejoindrai Max pour lui partager mes saucissons d’Ardèche et mes odeurs de bras.

Retrouvailles joyeuses et arrosées. Réveil créatif, on se dessine les uns les autres en buvant de la soupe de maïs (!). Session bloc indoor (escalade en salle) et système de quotation incompréhensible. Achat d’un mini réchaud et d’une clochette pour faire fuir les ours. Après insistance de Maxime, je suis convaincu par la clochette. Je me demande si ça ne lui fait pas plus plaisir qu’à moi. On déambule dans les rues marchandes comme des consommateurs.

 

 

Moment Onsen. Les onsens ce sont les bains thermaux japonais. Ultra présents dans la culture et très démocratisés, tout la société japonaise y va (à part les clochards et les yakuzas) et ce tout au long de la journée.

On commence par les saunas respectivement a 60 et 85 degres. Sueurs à grosses gouttes. On passe de pièce en pièce, variant les températures et les concepts : hyper chaud, allongé sur des galets, pièce tapissée de sel de l’Hymalaya, bains avec un sachet de thé géant (genre 5kg). Il y a aussi une bibliothèque remplie de mangas, il doit y en avoir au moins 500. On en choisit un et on se pose sur des tatamis, profitant du calme et de nos corps relaxés. Les gens sont autour assis à des occupations calmes et délassantes comme la sieste, la lecture ou la TV.

22H, c’est l’heure de l’attraction. Dans un sauna bien chaud et humide, trois employés entrent. Autour de la source de chaleur, assises en rond, une dizaine de personnes attendent. Après un discours, le trio agite des serviettes. La chaleur est assourdissante (!). Pour parfaire le tout, ces malandrins passant devant nous, pour fouetter la serviette en direction de la gueule. Prends tes 80° en faciale. On sort de là, à la fois soulagé et apaisé.

La suite se passe dans la partie aquatique. Hommes et femmes séparés car on va se devêtir et ça ne dérange personne (de retirer ses sapes). Primo, on prend une bonne douche. Et oui, on ne va pas foutre nos miasmes dans le bain commun. Séries de bains, certains en extérieur. Il pleut, l’ambiance est incroyable. Nous sommes tous nus, tout le monde se sent bien. Je regarde un japonais posé sur une pierre, une jambe dans l’eau chaude et la tête sous la pluie. Il regarde l’onde dans le vague. Je me demande à quoi il pense.

Maxime va dans le sauna pour une nouvelle expérience maso-thermale. Je l’attends dans un énorme pot de grès, pouvant contenir un petit olivier. Mais rempli d’eau chaude et non de terre et de racines. Deux employés invitent tout le monde  à entrer dans la pièce pour prendre tarif. Je fais signe que j’ai déjà eu ma dose. Ils sont devant la porte, l’un parle a l’autre. Il se retourne, me regarde, parle à son collègue. Et ils se marrent. Le premier vient me voir « You should come. Best attraction! » Je fais non mais je rentrerai tout de même, quelques minutes après, poussé par la curiosité. C’est pire que la fois d’avant. Ils sont armes d’éventails géants. Je ne tiens pas longtemps le supplice et fonce dans un bain d’eau froide.

 

 

Bien entendu les photos ne sont pas de moi, étant donné, évidemment, que les appareils photos sont interdits dans les onsens.

Dernier resto de poisson. Je fais le plein de produits déshydratés pour tenir les premiers jours d’aventure. Ma nuit est agitée, je ne trouve pas le sommeil. Je pense aux ours. Je regarde des infos sur le net concernant les ours. ça me rassure moyennement : 16 morts l’an passé, des cadavres défigurés… ça m’inquiète plus encore que pour les frelons géants… Je dors quelques heures, je me rattraperai sous la tente demain.

Le Trièves

Coincé entre 3 massifs montagneux, il y a un petit triangle des Bermudes de l’Isère où viennent se perdre les néo-ruraux en mal de verdure et en quête de vraie vie. Petit coin d’hyperactivité associative et rurale que même Giono (a.k.a. le boss de la littérature rurale) portait dans son coeur.

Pendant le séjour on a eu la chance de passer à une fête paysanne organisée avec la Confédération Paysanne, à la ferme du mont Inaccessible. Située juste au pied de cette fabuleuse montagne digne des plus beaux films d’indiens : le Mont Aiguille de son autre nom. On a appris plein de choses sur la tonte des moutons et puis aussi sur toute la main d’oeuvre nécessaire pour obtenir de la laine. Yannick nous a même fait une petite démo. Il y avait aussi une cardeuse de laine écossaise. Ce petit monde se regroupe et aimerait à terme relancer une filière de la laine dans la région. Courage.

C’est l’occasion pour nous de faire une belle promenade avec vue sur le Vercors, juste avant les premiers flocons de la saison.

Pendant notre séjour, nous avons fait le détour par Notre Dame de la Salette – au dessus de Corps (et âme). Après Lourdes, c’est le place to be du catholicisme. Le mythe fondateur : Deux bergers illettrés, jeunes et innocents, ont rencontré une femme tout en blanc. Elle pleurait et a commencé à trasher les humains qui sont tout pourris et qui croient plus en elle. Bref, elle leur a demandé de faire passer le mot sous forme d’une tirade de 30 lignes. En revenant, ils ont relaté mot pour mot l’histoire et demandé à tout le monde d’aller plus souvent à la messe. Pour finir, la dame s’est carapatée vers les cieux, se la jouant fille de l’air. Tout ça a été certifié par toutes les autorités religieuses, façon fact checking à l’ancienne. Superbe occasion de construire une église, un couvent et des boutiques à souvenir. Mais surtout, Arcabas a eu la bonne idée de venir y peindre quelques chefs d’oeuvre.

Le Trièves c’est surtout deux villes : Clelles et Mens. Petite préférence pour cette dernière: son café des sports (on en parlera plus tard), sa radio associative : radio Dragon, un petit temple, le marché du samedi, le moment social inratable …

Le Trièves c’est aussi l’autre pays de Giono. Ceux qui connaissent l’oeuvre de ce maître savent bien qu’il louait la Provence dans ses textes. Mais il a aussi passé pas mal de temps dans le coin. Je vous conseille Les vraies richesses qui se passe en grande partie dans le village de Treminis. Moult coïncidences – ou signes suivant le niveau de mysticisme : on rôde sur ces terres, Yannick notre hôte est un grand fan, il me prête les livres que je n’ai jamais pu trouver. Il nous indique aussi le musée Giono tout proche. ça sera l’occasion d’une escapade. Et arrivant sur le lieu, on croise Nalid rencontré précédemment à Eourres. Il est de passage pour venir chercher l’ânon de son ânesse. Tout ça loin de chez lui. foufou.

Enfin, plein de randos dont celle dite des passerelles du Drac. Ponts suspendus au dessus d’un lac de barrage.

La ferme de la Salamandre

Pour nous aussi, c’est la rentrée! On se lève tôt pour aller rencontrer les paysans boulangers gardiens de moutons! Cette fois nous sommes dans le Trièves, région coincée entre le Vercors et le Devoluy, à peine à 40 minutes de Grenoble.

On se fait accueillir par un chien immense, avec des pattes de derriere à 7 orteils. Un bosseron. Nos hôtes sont en pleine fournaise, en train de cuire le pain. Ils ne semblent pas satisfaits de leur fournée. On la goûte le soir même. C’est le meilleur pain qu’on ait mangé depuis quelques jours!

Pour le premier jour, nos tâches ne sont pas trop fatigantes : cueillette de mûres et de prunes, puis tri de grain : il faut séparer la cameline d’un mélange de graines diverses.

 

On aussi participé à la fabrication du pain. Pierre a pu défourner, c’est technique ! A la Salamandre, ils font pousser leurs céréales (en grande partie). Ils meulent leur farine, font des mélanges et font 2 fournées par semaine.

 

Pour trier le bon grain de l’ivraie, ils ont une machine qui vient d’Allemagne de l’est. Ca souffle, ca tourne, ca vrille. Ca fait penser à Jules Vernes. Il y a aussi un moulin qui fonctionne toutes les veilles de fournées

 

En plus de tout ça, il y a un beau cheptel de brebis. On tond regulierement leur toison et elles ne sont pas là pour leur lait ou leur viande. Yannick était berger pendant quelques années et maîtrise la tondeuse comme personne. Il est passionné par la laine et tout ce qui va autour. Il a pu nous montrer ses talents lors d’une démo. Quand on le lance sur le sujet des concours de tondeurs de mouton il est intarrisable. Il est train de récuperer du matériel professionnel pour carder la laine et remonter un réseau de travailleurs de la laine dans le Trièves. Combat noble et plus qu’ambitieux. On a hâte de vous en parler davantage !

En plus de ça, il y a plein de chats qui traînent dans cette belle ferme:

 

Pendant notre séjour, les tâches seront variées : cuisine, cueillette, assistance boulanger, tri d’oignon, garde de moutons, clôture des parcs, livraison de pains dans tous les magasins bio du Trièves…

Au final, on a appris beaucoup de choses et on a pu constater que le réseau agricole, associatif et artisanal était hyper dense en Trièves! De quoi nous donner envie de vous pondre un article spécialement dédié à cette superbe région.

Chartreuse et Matheysine

Grenoble : promenade familiale sur la Bastille, on redescend avec les célèbres oeufs. C’est l’occasion aussi de visiter un parking hélicoïdal, début vingtième, en gestion communautaire.

Ensuite, on grimpe direction le Sappey en Chartreuse!

On trouve un petit coin très sympa, au milieu des montagnes, pour passer la nuit. Comme nous sommes juste à côté de St Hugues en Chartreuse, nous profitons de la matinée suivante pour aller visiter une chapelle hors du commun ! Elle a été entièrement décorée par un artiste récent, Arcabas, peintre mystique. Les oeuvres sont éblouissantes et l’ambiance tout à fait particulière. Cette chapelle est l’oeuvre de sa vie. Il l’a peinte, sculptée, façonnée pendant plus de vingt ans.

Enfin, on se dirige vers ce pour quoi on était venus : l’inénarrable Festival des Baluchons! L’occasion d’écouter du bon son, de patauger allègrement sous un chapiteau, de voir un spectacle fort lol (Barbe-Bleue 2.0) et de déguster un drôle cocktail à base d’on ne veut pas trop savoir quoi. Enfin, climax de la soirée, on croise deux anciens potes de fac de Pierre! Pas vus depuis 10 ans et ils se croisent perchés sur une montagne au milieu de nulle part.

Le lendemain, rien de tel qu’une grande ballade, à l’assaut de la Chamechaude (véritable autoroute pour tous les Grenoblois en cette saison et point culminant du massif de la Chartreuse).

Puis, nous quittons Grenoble en direction du Trièves. Bref passage par la Matheysine. Un petit camping pour le plaisir inégalable de prendre une douche chaude ^^. Le lendemain, c’est la rentrée : on commence notre premier jour à la ferme de la Salamandre.

La Provence – bis

Oyez! Avant-propos : on est de retour!

Après une pause de voyage et d’écriture, on reprend la route et la plume. En cause, un retour dans les montagnes, une escapade au Japon et plein d’autres aventures qui vous seront contées bientôt. Mais reprenons le cours du récit, où on l’avait laissé.

Exit la région Occitanie, et rebonjour PACA. Escale dans la garrigue, pour goûter le raisin et les figues. Les copains sont toujours là et la piscine ne l’est plus pour très longtemps.On fera de la garbure et des ripailles de mets du sud ouest, faisant couler le tout avec un magnum de Cahors. Des kilograppes de raisin sont cueillies pour finir en jus et en confiture. Des kilos de mûres aussi, qui finiront directement dans les estomacs.

 

Quand le sort est jeté, on doit partir. On traverse les baronnies, nous voilà de retour dans la vallée de la Méouge, en terre d’Eourres. Revoici Julie et Simon qui avancent dans leur projet de ferme pédagogique. On les aidera à retaper les serres et à planter du sorgho, entre 2 séances de thérapie à base de chatons.

 

Laragne, ville un peu sinistre… Pause Wifi et serveur friendly. Entre déprime et séance de ciné, on décide de filer. A Gap arrivés, la pluie a commencé. Haut perchés, la vie vagabonde accompagnée de courgettes chasse les mauvaises pensées.

Gap sous la pluie, manif de soutien pour une fonctionnaire solidaire de personnes migrantes, virées du ministère de la justice. Très peu de monde sous la tente de circonstance. Route Napoléon pour atteindre Grenoble, session bloc pour les bras et Le Hussard sur le toit, pour dormir.

Ô Languedoc

A Castres, nous avons assisté à une parade militaire de grabataires. Éclusé une librairie-papeterie pour ne finalement rien acheter, bu du Cacolac en critiquant tout ce qui passait et fini par mettre les voiles en lâchant au passage un coup de klaxon, désormais coutumier de la manigance. Et admiré les maisons penchées au dessus de la rivière, sorte de sous-Amsterdam languedocien.

Avons roulé sans pause, jusqu’au soir et jusqu’à ce que la route s’arrête, tout naturellement, en haut d’une colline. Nous arrivions dans la cour d’une maison, devant une tablée joyeuse en train de souper. Ils nous ont accueillis avec sourire et nonchalance, et nous ont laissés passer la nuit dans leur jardin (grand!)

Pour la journée d’anniversaire de Pierre, il allait sans dire que nous allions faire un peu d’escalade. Dans une gorge des plus fréquentées – mais après tout, pourquoi pas, passer son mois d’août en France profonde, avec le sentiment de se faire une virée par le métro de Tokyo?

Bien avisés par les conseils de l’officieuse de tourisme d’un de ces plus beaux villages de France ™ , nous échouons en haut de la montagnette , près d’un hameau nommé Douch. Plus précisément, on se collera près de l’église excentrée et de son cimetière. Nous avons demandé la permission aux morts pour dormir auprès d’eux. Qui ne dit mot consent.

Promenades, les jours suivants. Parfois le paysage en venait à changer tous les cinquante pas, nous étions en train de passer par les niveaux et les mondes d’un jeu vidéo.

Et puis juste avant d’atterrir dans la Drôme, nous sommes passés par Celles. Village rescapé, tout petit dans son désert de pierre rouge (dite ruffe). L’édification d’un barrage, dans les années 70, l’avait condamné à muter amphibie. Histoire de mieux irriguer la sacro-sainte vigne nationale. Mais maladresse des ingénieures ou miracle des lois lacustres, Celles est demeuré bien au-dessus du niveau des eaux, à quelques mètres du rivage. On vient de partout se tremper dans le lac de Salagou et s’accrocher, baigneurs et baigneuses-oiseaux, sur les cimes des arbres qui dépassent encore. Village déserté, donc, mais faisant actuellement l’objet d’un projet de réhabilitation. Futures habitantes et habitants sont cordialement invités à venir s’installer pour gratis, en échange de quoi, ils et elles s’engagent à restaurer leur habitat et à occuper des postes tournés vers le savoir-faire et les techniques de l’environnement. A bon entendeur…

Toulousie et les environs

Après ce tourbillonnant séjour en Quercy, cap sur Toulouse! Derrière nous la colline verte qui fait reposer les châteaux d’Eric et devant nous les vallons creusés par le Tarn ou la Garonne. Alors, on prend les brides de notre monture de fer et de gasoil, et on le traine à travers la campagne et ces villes bien typiques du sud-ouest :

Alors, on a vu la Penne d’Agenais, avec les ruines du château de Richard Coeur de lion et un lieu de culte majeur dédié a la Vierge.

 

Plus tard, on fera halte à Villeneuve-sur-Lot, charmante sous-préfecture du Lot. Le ciel y est couvert d’une constellation de ballons dirigeables. Pour cause, une compétition de montgolfières se déroule à quelques kilomètres.

 

On passera par la ville non-natale de Pierre, Agen. Occasion de voir une copie de Gaudi, de vieilles pierres et une porte de garage qui nous a tape dans l’œil.

 

En traçant la route a l’ouest, en direction de la méditerranée et surtout de Toulouse, on trouve une cité plantée près sur la jonction du Tarn et de la Garonne. Le massif central y rencontre aussi les Pyrénées. Leurs eaux mélangent les éléments granitiques et calcaires. Pays plat fait pour la circulation fluviale, c’est normal d’y trouver des canaux. Le plus fou d’entre eux enjambe le Tarn!

 

Moissac, outre son muscat, est connu pour son abbaye. Il semblerait que ce soit la plus ancienne de France, d’après les historiens. Dans la cathédrale, on trouve des sculptures de bois peint, d’un réalisme saisissant. Dans la cour abbatiale, des sculptures uniques parcourent toutes le long de la travée. Il semblerait que ce soit un exemple de l’art moyenâgeux.

Plus au sud, le long de la Garonne, il y a Montauban.

 

Finalement, on arrive en terre promise. Toulouse, ses bières bonnes, ses briques roses et son Florent Paris fait de moustache et de créativité. On découvrira le circuit bending grâce aux doigts habiles de notre ami musicien explorateur. Cette pratique consiste à détourner des objets électroniques sonores en allant directement trifouiller dans leurs circuits imprimés. Pendant notre séjour, Hors Sujet a bricolé des K7, un lecteur de cassettes, un discman.

Après un tour a Emmaüs, on rapportera des jouets pour enfants. Aussitôt démonté, on fait des court-circuits pour trouver ce qui commande la vitesse. Ça fait accélérer les voies, donne des effets bizarroïdes et caverneux et on rigole.

 

On a aussi vu des statues inertes et vivantes, de l’architecture urbaine qui peut avoir une certaine esthétique, une poutre réparée a la brique!!, la plaque la plus WTF jamais vue, des gens très polis :

des canaux, des collines, des arbres…

Blue Fox Coffee

Olala mais c’est quoi ce nom? Sommes-nous passés du côté Starbucks de la force? Eh bien c’est tout l’inverse, chers incrédules. Derrière ce nom aux sonorités anglo-saxonnes, se cache un café associatif dans le centre d’Agen (et pas d’Angers).

P1130059

Il y a des livres à donner à l’entrée, une grande bibliothèque remplie de jeux et de livres (il y a même un tricky bille ;o). Ces items sont à consulter sur place ou bien peuvent être empruntés à la manière d’une bibliothèque.

P1130051

Sur le côté un tableau à idées. C’est là-dessus que l’heureus(e) auteur(e) notera sa ou ses suggestions. Ensuite, chacun(e) confirmera d’une coche ce qu’il ou elle préfère. Les idées les plus plébiscitées verront le jour lors d’une soirée ou après-midi. Fantastique! Il y a déjà eu des soirées jeux, des ateliers mosaïque (les créations sont accrochées dans le café, d’ailleurs), soirées anniversaires (en août, quelques trinqueurs-euses d’un soir se rendant compte que leurs dates de naissance sont très proches, décident de célébrer cette coïncidence spatio-temporelle, tous ensemble).

P1130060

En face de la bibliothèque, il y a un piano et d’autres instruments de musique à disposition.

A la carte, moult thés et idées de cocktail à base de café. Les gérants sont très aimables et peu avares de leurs mille bons conseils et bonnes vibrations (!)

C’est un lieu gratuit, ouvert à tous et déclaré d’intérêt général, il y a peu. « Vital » et « un lieu qui manquait à Agen », voilà ce que nous disent en somme les clients de circonstance. Le public est varié : mère de famille, jeune bidouilleur, trentenaire à la limite de la marge. Toi aussi, visiteur ou habitant d’Agen, nous te conseillons la petite parenthèse au Blue Fox Coffee (en plus y a du wifi).