Japon!

Contextualisons un peu, nous sommes fin septembre 2017. On vient de finir une boucle complète, un tour des alternatives rurales en France. On recharge les batteries près d’un lac Suisse entouré de montagnes. On pourrait dire que nous terminons la partie 1 de Moustaroot.

Sauf que Maxime, un ami de Pierre se marie tout bientôt avec Nozomi, une japonaise … et donc à Osaka ! Impossible de rater ça et prétexte rêvé pour faire péter son bilan carbone, en toute mauvaise conscience. Billet en poche pour le Japon (pays mélange de tradition et de modernité sic!) , je pars seul pour une semaine de randonnée sereine dans la nature et une semaine de festivité décadente dans la ville. Pour conter cette aventure, je prendrai des extraits de mon livre de bord, agrémentés de dessins et photos de circonstance. Changement de style.

 

Quelque part au dessus de Zurich 

L’accélération de la carlingue bringuebalante fait duo avec le son puissant des deux moteurs gigantesques. L’horizon s’incline; l’apesanteur fait un soubresaut. L’avion décolle. La vue sur Genève de nuit est superbe. Les fils de lumière reproduisent la carte que je m’en fais. Les bandes d’ombre laissent imaginer le Rhône, l’Arve ou quelques prés survivants. Ensuite les classiques : films pourris, jus de tomate, sommeil inexistant, nuque douloureuse.

Quelque part entre la Corée et le Japon

Dans l’aérogare de Pékin, l’errance aura duré quelques heures. Le décalage horaire, linguistique et culturel me frappe en pleine poire. Je me perds dans les couloirs, j’attends inutilement au mauvais guichet, derrière 5 russes dans la faiblesse de l’âge. Les moments agréables furent : la sieste dans une capsule prévue à cet effet et manger des ailerons de poulet.

Pendant le vol, la carte indique que nous volons au dessus de la Corée Je regarde en direction de Pyong Yang, sans voir la trace lumineuse d’un missile intercontinental. Je suis presque déçu. Sur la mer de Corée, les bateaux de pêche forment une constellation du zodiaque inversée.

Mes voisins de voyage s’obstinent à me parler japonais. Les deux seules choses que j’ai comprises : 1- ils habitent sur l’île de Shikoku. 2- Ils sont ravis que je fasse le Kumano Kodo (randonnée – pèlerinage d’une semaine) tout seul. Sugoi!!!!

 

 

Osaka

Je suis arrivé à l’autre bout de la Terre. Après quelques galères dans le labyrinthe des contrôles aéroportuaires, je suis sorti de la bête. Le passage scan des empreintes + photos fait un peu flipper. On entre dans le cocon doux de la surveillance de masse. Tout va bien si tu te tiens à carreau mon enfant. Bientôt, je rejoindrai Max pour lui partager mes saucissons d’Ardèche et mes odeurs de bras.

Retrouvailles joyeuses et arrosées. Réveil créatif, on se dessine les uns les autres en buvant de la soupe de maïs (!). Session bloc indoor (escalade en salle) et système de quotation incompréhensible. Achat d’un mini réchaud et d’une clochette pour faire fuir les ours. Après insistance de Maxime, je suis convaincu par la clochette. Je me demande si ça ne lui fait pas plus plaisir qu’à moi. On déambule dans les rues marchandes comme des consommateurs.

 

 

Moment Onsen. Les onsens ce sont les bains thermaux japonais. Ultra présents dans la culture et très démocratisés, tout la société japonaise y va (à part les clochards et les yakuzas) et ce tout au long de la journée.

On commence par les saunas respectivement a 60 et 85 degres. Sueurs à grosses gouttes. On passe de pièce en pièce, variant les températures et les concepts : hyper chaud, allongé sur des galets, pièce tapissée de sel de l’Hymalaya, bains avec un sachet de thé géant (genre 5kg). Il y a aussi une bibliothèque remplie de mangas, il doit y en avoir au moins 500. On en choisit un et on se pose sur des tatamis, profitant du calme et de nos corps relaxés. Les gens sont autour assis à des occupations calmes et délassantes comme la sieste, la lecture ou la TV.

22H, c’est l’heure de l’attraction. Dans un sauna bien chaud et humide, trois employés entrent. Autour de la source de chaleur, assises en rond, une dizaine de personnes attendent. Après un discours, le trio agite des serviettes. La chaleur est assourdissante (!). Pour parfaire le tout, ces malandrins passant devant nous, pour fouetter la serviette en direction de la gueule. Prends tes 80° en faciale. On sort de là, à la fois soulagé et apaisé.

La suite se passe dans la partie aquatique. Hommes et femmes séparés car on va se devêtir et ça ne dérange personne (de retirer ses sapes). Primo, on prend une bonne douche. Et oui, on ne va pas foutre nos miasmes dans le bain commun. Séries de bains, certains en extérieur. Il pleut, l’ambiance est incroyable. Nous sommes tous nus, tout le monde se sent bien. Je regarde un japonais posé sur une pierre, une jambe dans l’eau chaude et la tête sous la pluie. Il regarde l’onde dans le vague. Je me demande à quoi il pense.

Maxime va dans le sauna pour une nouvelle expérience maso-thermale. Je l’attends dans un énorme pot de grès, pouvant contenir un petit olivier. Mais rempli d’eau chaude et non de terre et de racines. Deux employés invitent tout le monde  à entrer dans la pièce pour prendre tarif. Je fais signe que j’ai déjà eu ma dose. Ils sont devant la porte, l’un parle a l’autre. Il se retourne, me regarde, parle à son collègue. Et ils se marrent. Le premier vient me voir « You should come. Best attraction! » Je fais non mais je rentrerai tout de même, quelques minutes après, poussé par la curiosité. C’est pire que la fois d’avant. Ils sont armes d’éventails géants. Je ne tiens pas longtemps le supplice et fonce dans un bain d’eau froide.

 

 

Bien entendu les photos ne sont pas de moi, étant donné, évidemment, que les appareils photos sont interdits dans les onsens.

Dernier resto de poisson. Je fais le plein de produits déshydratés pour tenir les premiers jours d’aventure. Ma nuit est agitée, je ne trouve pas le sommeil. Je pense aux ours. Je regarde des infos sur le net concernant les ours. ça me rassure moyennement : 16 morts l’an passé, des cadavres défigurés… ça m’inquiète plus encore que pour les frelons géants… Je dors quelques heures, je me rattraperai sous la tente demain.

Une réflexion sur “Japon!

  1. Alors là ! ça nous change complètement !C’est super intéressant texte et photos …c’est curieux, la nourriture ne me tente pas en particulier cette étrange mixture dans la carapace du crabe ! Elle me coupe un peu l’appétit . Encore que …je suis allée la première fois de ma vie et la seule jusqu’ici , dans un restaurant japonais à New-York . J’ai mangé une grande assiettée de ce qui semblait des araignées géantes , avec leur toile ! Ce n’était pas mauvais . Il faut stopper son imagination .
    Et maintenant où êtes-vous ? Je suis désorientée avec vous !
    La bise !
    GM

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