Lyon et environs

Pour celles et ceux qui se demandent à quoi carburent deux vagabonds ruro-grimpeurs et rédacteurs de billets, il y a plusieurs réponses. Parce qu’en plus du bon pain, du fromage de bique et des poissons grillés, c’est surtout de la poudre verte qu’il nous faut, et de la fraîche de préférence !

Pour se ravitailler, on a la meilleure adresse : chez Vincent. Ami d’enfance de Pierre et fondateur de Spirulib. Spirulinier de père en fils depuis lui-même, il nous fournit la meilleure came d’Auvergne Rhone Alpes ! On en profite pour faire une petite visite de ses serres et pour lui rafler une dégustation de cyanobacteries toutes fraîches (pas encore sur les marchés, la fraîche, mais ça ne saurait tarder!) Un aubaine aussi pour Mario notre petit van, qui se trouve une copine : la 104 de Spirulib.

Ensuite on prépare une visite surprise au fringant Adrien de frère à la Croix Rousse. C’est le moment de se faufiler dans les pentes et les traboules, de goûter de la tripe de choix puis de photographier des choses, de toucher un gros caillou (quel nom!) et d’entendre le tenancier de restaurant le plus rétrograde et mysogine jamais vu déblaterer sur la décadence du quartier, les tarlouzes de bobos pères au foyer et les saloperies de gauchistes. Longtemps, on a cru à une caméra cachée. Dommage, son andouillette à la moutarde est exquise.

Le café des sports

Quand l’hiver prépare son nid trop tôt, en septembre 2017 par exemple, il y a cet endroit où l’on vient se réfugier à Mens. C’est le café des sports. Pas folichon le nom à première vue. ça fait penser à un rade lugubre peuplé de soiffards assoiffés de mauvais vin et de Rapido.

Détrompez-vous, on y trouve tout ce qui se fait de mieux en termes de bières artisanales (la Belette, brassée dans le même village), d’éveil culturel et de douce humanité. A notre première visite, on assiste par surprise à un spectacle de marionnettes, façon récup et surréalisme. Connaissez-vous la Turakie ?
https://fresques.ina.fr/en-scenes/export/player/Scenes00834/360×270

La déco tourne autour du thème du cochon, trop largement sous-estimé d’habitude. Dans l’arrière-cour, après un dédale de couloirs, on trouve un type qui a installé des lampions et un four à pizza. On peut se manger une bonne pizza fraîche et papoter avec cet angevin d’origine qui n’a plus jamais quitté le Trièves.

Il s’y passe moult événements comme le montre bien la page Facebook.

Pour tout ce qui s’y passe et ce qui peut s’y passer, pour ces clients sympas et ses serveurs pas en reste, allez donc boire une Chartreuse au café des sports.

Le Trièves

Coincé entre 3 massifs montagneux, il y a un petit triangle des Bermudes de l’Isère où viennent se perdre les néo-ruraux en mal de verdure et en quête de vraie vie. Petit coin d’hyperactivité associative et rurale que même Giono (a.k.a. le boss de la littérature rurale) portait dans son coeur.

Pendant le séjour on a eu la chance de passer à une fête paysanne organisée avec la Confédération Paysanne, à la ferme du mont Inaccessible. Située juste au pied de cette fabuleuse montagne digne des plus beaux films d’indiens : le Mont Aiguille de son autre nom. On a appris plein de choses sur la tonte des moutons et puis aussi sur toute la main d’oeuvre nécessaire pour obtenir de la laine. Yannick nous a même fait une petite démo. Il y avait aussi une cardeuse de laine écossaise. Ce petit monde se regroupe et aimerait à terme relancer une filière de la laine dans la région. Courage.

C’est l’occasion pour nous de faire une belle promenade avec vue sur le Vercors, juste avant les premiers flocons de la saison.

Pendant notre séjour, nous avons fait le détour par Notre Dame de la Salette – au dessus de Corps (et âme). Après Lourdes, c’est le place to be du catholicisme. Le mythe fondateur : Deux bergers illettrés, jeunes et innocents, ont rencontré une femme tout en blanc. Elle pleurait et a commencé à trasher les humains qui sont tout pourris et qui croient plus en elle. Bref, elle leur a demandé de faire passer le mot sous forme d’une tirade de 30 lignes. En revenant, ils ont relaté mot pour mot l’histoire et demandé à tout le monde d’aller plus souvent à la messe. Pour finir, la dame s’est carapatée vers les cieux, se la jouant fille de l’air. Tout ça a été certifié par toutes les autorités religieuses, façon fact checking à l’ancienne. Superbe occasion de construire une église, un couvent et des boutiques à souvenir. Mais surtout, Arcabas a eu la bonne idée de venir y peindre quelques chefs d’oeuvre.

Le Trièves c’est surtout deux villes : Clelles et Mens. Petite préférence pour cette dernière: son café des sports (on en parlera plus tard), sa radio associative : radio Dragon, un petit temple, le marché du samedi, le moment social inratable …

Le Trièves c’est aussi l’autre pays de Giono. Ceux qui connaissent l’oeuvre de ce maître savent bien qu’il louait la Provence dans ses textes. Mais il a aussi passé pas mal de temps dans le coin. Je vous conseille Les vraies richesses qui se passe en grande partie dans le village de Treminis. Moult coïncidences – ou signes suivant le niveau de mysticisme : on rôde sur ces terres, Yannick notre hôte est un grand fan, il me prête les livres que je n’ai jamais pu trouver. Il nous indique aussi le musée Giono tout proche. ça sera l’occasion d’une escapade. Et arrivant sur le lieu, on croise Nalid rencontré précédemment à Eourres. Il est de passage pour venir chercher l’ânon de son ânesse. Tout ça loin de chez lui. foufou.

Enfin, plein de randos dont celle dite des passerelles du Drac. Ponts suspendus au dessus d’un lac de barrage.

La ferme de la Salamandre

Pour nous aussi, c’est la rentrée! On se lève tôt pour aller rencontrer les paysans boulangers gardiens de moutons! Cette fois nous sommes dans le Trièves, région coincée entre le Vercors et le Devoluy, à peine à 40 minutes de Grenoble.

On se fait accueillir par un chien immense, avec des pattes de derriere à 7 orteils. Un bosseron. Nos hôtes sont en pleine fournaise, en train de cuire le pain. Ils ne semblent pas satisfaits de leur fournée. On la goûte le soir même. C’est le meilleur pain qu’on ait mangé depuis quelques jours!

Pour le premier jour, nos tâches ne sont pas trop fatigantes : cueillette de mûres et de prunes, puis tri de grain : il faut séparer la cameline d’un mélange de graines diverses.

 

On aussi participé à la fabrication du pain. Pierre a pu défourner, c’est technique ! A la Salamandre, ils font pousser leurs céréales (en grande partie). Ils meulent leur farine, font des mélanges et font 2 fournées par semaine.

 

Pour trier le bon grain de l’ivraie, ils ont une machine qui vient d’Allemagne de l’est. Ca souffle, ca tourne, ca vrille. Ca fait penser à Jules Vernes. Il y a aussi un moulin qui fonctionne toutes les veilles de fournées

 

En plus de tout ça, il y a un beau cheptel de brebis. On tond regulierement leur toison et elles ne sont pas là pour leur lait ou leur viande. Yannick était berger pendant quelques années et maîtrise la tondeuse comme personne. Il est passionné par la laine et tout ce qui va autour. Il a pu nous montrer ses talents lors d’une démo. Quand on le lance sur le sujet des concours de tondeurs de mouton il est intarrisable. Il est train de récuperer du matériel professionnel pour carder la laine et remonter un réseau de travailleurs de la laine dans le Trièves. Combat noble et plus qu’ambitieux. On a hâte de vous en parler davantage !

En plus de ça, il y a plein de chats qui traînent dans cette belle ferme:

 

Pendant notre séjour, les tâches seront variées : cuisine, cueillette, assistance boulanger, tri d’oignon, garde de moutons, clôture des parcs, livraison de pains dans tous les magasins bio du Trièves…

Au final, on a appris beaucoup de choses et on a pu constater que le réseau agricole, associatif et artisanal était hyper dense en Trièves! De quoi nous donner envie de vous pondre un article spécialement dédié à cette superbe région.

Chartreuse et Matheysine

Grenoble : promenade familiale sur la Bastille, on redescend avec les célèbres oeufs. C’est l’occasion aussi de visiter un parking hélicoïdal, début vingtième, en gestion communautaire.

Ensuite, on grimpe direction le Sappey en Chartreuse!

On trouve un petit coin très sympa, au milieu des montagnes, pour passer la nuit. Comme nous sommes juste à côté de St Hugues en Chartreuse, nous profitons de la matinée suivante pour aller visiter une chapelle hors du commun ! Elle a été entièrement décorée par un artiste récent, Arcabas, peintre mystique. Les oeuvres sont éblouissantes et l’ambiance tout à fait particulière. Cette chapelle est l’oeuvre de sa vie. Il l’a peinte, sculptée, façonnée pendant plus de vingt ans.

Enfin, on se dirige vers ce pour quoi on était venus : l’inénarrable Festival des Baluchons! L’occasion d’écouter du bon son, de patauger allègrement sous un chapiteau, de voir un spectacle fort lol (Barbe-Bleue 2.0) et de déguster un drôle cocktail à base d’on ne veut pas trop savoir quoi. Enfin, climax de la soirée, on croise deux anciens potes de fac de Pierre! Pas vus depuis 10 ans et ils se croisent perchés sur une montagne au milieu de nulle part.

Le lendemain, rien de tel qu’une grande ballade, à l’assaut de la Chamechaude (véritable autoroute pour tous les Grenoblois en cette saison et point culminant du massif de la Chartreuse).

Puis, nous quittons Grenoble en direction du Trièves. Bref passage par la Matheysine. Un petit camping pour le plaisir inégalable de prendre une douche chaude ^^. Le lendemain, c’est la rentrée : on commence notre premier jour à la ferme de la Salamandre.

La Provence – bis

Oyez! Avant-propos : on est de retour!

Après une pause de voyage et d’écriture, on reprend la route et la plume. En cause, un retour dans les montagnes, une escapade au Japon et plein d’autres aventures qui vous seront contées bientôt. Mais reprenons le cours du récit, où on l’avait laissé.

Exit la région Occitanie, et rebonjour PACA. Escale dans la garrigue, pour goûter le raisin et les figues. Les copains sont toujours là et la piscine ne l’est plus pour très longtemps.On fera de la garbure et des ripailles de mets du sud ouest, faisant couler le tout avec un magnum de Cahors. Des kilograppes de raisin sont cueillies pour finir en jus et en confiture. Des kilos de mûres aussi, qui finiront directement dans les estomacs.

 

Quand le sort est jeté, on doit partir. On traverse les baronnies, nous voilà de retour dans la vallée de la Méouge, en terre d’Eourres. Revoici Julie et Simon qui avancent dans leur projet de ferme pédagogique. On les aidera à retaper les serres et à planter du sorgho, entre 2 séances de thérapie à base de chatons.

 

Laragne, ville un peu sinistre… Pause Wifi et serveur friendly. Entre déprime et séance de ciné, on décide de filer. A Gap arrivés, la pluie a commencé. Haut perchés, la vie vagabonde accompagnée de courgettes chasse les mauvaises pensées.

Gap sous la pluie, manif de soutien pour une fonctionnaire solidaire de personnes migrantes, virées du ministère de la justice. Très peu de monde sous la tente de circonstance. Route Napoléon pour atteindre Grenoble, session bloc pour les bras et Le Hussard sur le toit, pour dormir.